Charles est un oncle de mon grand-père maternel, Raymond Julien FOLDRIN.

Je me devais de rendre hommage à sa mémoire, car comme beaucoup d'hommes qui tombèrent pendant la 1ère guerre mondiale, j'ai pu trouver pour lui, la raison de son décès.

En généalogie, pouvoir obtenir des renseignements sur un aïeul, pour une période ancienne, tient du miracle. Ancienne mais pas si éloignée. Mais n'étant pas mon aïeul directe, l'histoire de cet homme, surtout sa fin, n'est pas connue par l'histoire familiale, pour la bonne raison que l'armée a étouffé l'affaire. Sa famille a dû être prévenue de sa disparition mais n'a jamais su dans quelles conditions.

L'histoire de Charles et les renseignements que je détiens, concerne surtout son décès, qui fut tragique ce jour là et pas seulement pour lui, mais les journaux n'en feront pas fait mention...

Tout d'abord, Charles Albert est né le 2 février 1872 à La Fresnaye, commune de la Seine-Maritime en Haute-Normandie. Il est le dernier garçon d'une fratrie de 9 enfants. Les trois premiers nés sont morts en bas âge.

Son père est Charles Emile FOLDRIN, qui disparaîtra le 21 décembre 1873 à l'âge de 39 ans. Il ne l'aura guère connu. Il a été tisserand, puis ouvrier en fabrique, c'est-à-dire qu'il travaillait à l'usine, certainement en rapport avec le tissage. Sa mère, Victorine Delphine DESCHAMP était tisserande également. Elle-même décédera en 1875 à 42 ans. Charles n'avait que 3 ans. Son frère aîné n'ayant que 15 ans, les 6 enfants ont dû être placés peut-être chez un membre de la famille, voire peut-être dispersés. Il ne devait pas être évident de placer 6 enfants dans une même famille.

Charles deviendra tisserand à son tour. Métier qui devait faire vivre une grande partie de la population car très répandu à l'époque.

Il est bon pour le service militaire à ses 20 ans. Il est dirigé le 16 novembre 1893 sur le 1er bataillon d'artillerie à pied. Puis sera canonnier servant le 8 novembre 1894.

Il se marie le 25 avril 1896 à Lillebonne avec Marie Eugénie TINEL. Son frère Gustave Emile a épousé la soeur de Marie, Louise TINEL.

 

 

 

 

Leurs signatures le jour de leur mariage

Curieusement, aucun membre de sa famille proche ne sera témoin à son mariage. Ses parents étant décédés, il avait pourtant encore cinq frères et sœurs. Il ne sera pas témoin au mariage de son frère Gustave car il n'avait que 10 ans. Mais Gustave ne sera pas témoin à son mariage non plus. Il y aura juste Armand et Henri PRESSOIR, son oncle et son cousin. Et également la famille de sa femme.

Ils habiteront au Havre en 1902. En 1905 naîtra Francis Albert, mais qui décédera à l'âge de 22 mois. Charles est épicier, rue Frederic Bellanger. Puis ils seront à Lillebonne en 1909, il a 39 ans.

 

 

 

 

Signature de Charles à la naissance de son fils. On remarquera que du A de Albert, lors de son mariage, il a imposé Charles, quelques années plus tard.

Physiquement, c'est un homme brun de 1,66m. Son visage est ovale, ses yeux sont bruns, le front ordinaire, le nez et la bouche sont petits, le menton rond.

Apparemment, il aimait la musique, puisqu'il faisait partit de l'Harmonie des enfants de Lillebonne.

http://pommiers19141918.canalblog.com/archives/2012/07/30/24801454.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Impossible de savoir lequel est Charles qui figure certainement sur la photo en 1908

 

Puis le 3 août 1914, il est rappelé à l'activité. Il a 42 ans.  

Le mois suivant, il est au tunnel de Tavannes, dans la Meuse, près de Verdun.

Il fait partit du 24e Régiment d'Infanterie Territoriale 6° compagnie. Il y a un fort, le fort de Tavannes. Et un tunnel...celui-ci est un tunnel ferroviaire de 1400 mètres de long et 5 mètres de large, il relie Metz à Verdun. Il est aménagé comme abri pour les troupes et sert de dépôt de munition. Environ 2000 hommes viennent s'y abriter.

L'installation est plus que sommaire. Pas de latrines, ni de ventilation. Un seul point d'eau au milieu du tunnel. Des conditions d'hygiène déplorables, on s'en doute!

Le 4 septembre 1916, vers 21h, une explosion des caisses de grenades retentit. L'entrée Ouest est inaccessible, les hommes se bousculent pour tenter de rejoindre l'entrée Est, qui est bombardée par les soldats allemands, les baraquements sommaires en bois prennent feu et une épaisse fumée toxique envahit le tunnel, les hommes qui se précipitent vers l'entrée Est sont asphyxiés et brûlés. Le tunnel brûlera pendant 2 jours. Les pertes humaines sont évaluées à 500 à 600 hommes. Comme je le disais au début de mon article, cet accident sera censuré par la presse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Charles y trouvera la mort et sera "porté disparu".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Liste des soldats et officiers morts dans ce tunnel ce jour là.

 

Une plaque commémorative de l'Harmonie des enfants de Lillebonne a été faite en l'honneur des membres de cette Harmonie tombés au combat.

http://pommiers19141918.canalblog.com/archives/2012/07/30/24801454.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voilà pour l'histoire de Charles. Quant à sa femme Marie, en 1926 elle vit toujours à Lillebonne, rue Fontaine Bruyères, elle est seule et sans profession.

 

Sources : AD de la Seine-Maritime, registres des actes de NMD et recensements - Ministère des Armées Mémoire des hommes - http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/theme-tunnel-tavannes.htm - http://regiments.havrais.pagesperso-orange.fr/grande_guerre_024.htm